La lettre ouverte aux élus (rectificatif)
Note : L'article déposé hier sur ce blog a été partiellement coupé.
Voici le texte complet.
Lettre ouverte à l’attention des élus de la nouvelle Communauté d’Agglomérations
Bienvenue à la nouvelle
communauté.
Je suis l’un des 50 000 nouveaux « communistes » et, sans doute, le premier d’entre eux
à s’exprimer sur cette nouvelle institution.
Mon sujet porte exclusivement sur la création d’un nouveau musée à Pont-Aven
dont la propriété serait octroyée à la communauté.
C’est un cadeau empoisonné qui vous est offert : croyez-moi.
Je suis né dans cette petite ville et je conserve de
profondes attaches à ce lieu autrefois vivant et magique.
Je suis hostile au projet, et j’ai mille arguments pour justifier cette attitude. Je m’en explique
sur le blog que j’ai créé à cet effet :
WWW.chercheurdhistoires.over-blog.com
Pont-Aven est
sacrifiée pour assouvir les appétences de quelques vaniteux, sans scrupule pour le pays et sa population.
La manipulation des esprits orchestrés par les têtes pensantes du projet fait son chemin. Vous en êtes les
premières victimes.
Vous allez participer au financement de la construction d’une luxueuse « tour de Babel
Angèle » au milieu du champ de ruines.
Vous avez décidé de financer le décor, je vous en propose l’envers.
Depuis deux ans que l’affaire est sur les rails, je cherche à comprendre les motivations profondes de ses
promoteurs.
Je n’y décèle que de la vantardise.
Trois exemples :
Madame le maire clame à tout vent que son musée
rayonne dans le monde entier. L’expression ; « rayonner dans le monde entier » est une réalité attachée à la centaine de tableaux des
Maîtres de l’école dite de Pont-Aven, qui rayonne aux cimaises de Grands Musées
Internationaux : mais bien loin d’ici hélas.
Le rayonnement du musée de Mme le maire n’est que fadaise.
De la même façon, il est fallacieux de prétendre que le fonds du musée contiendrait un trésor constitué de
1500 œuvres de Maîtres.
L’inventaire et l’estimation de ce fonds apporteraient bien des déconvenues à ces prétentieux.
Pour autant, ce fonds est tout à fait honorable et respectable, mais ne justifie pas de lui consacrer un
contenant hors de ses proportions.
Sauvons le petit musée de Pont-Aven, parfaitement
adapté au pays.
Il avait été aménagé en 1985 pour recevoir 100 000 personnes par an. Actuellement il fonctionne à la
moitié de sa capacité. Où est le problème ?
Lorsque madame la conservatrice se plaint de son étroitesse, je lui réponds que c’est le centre historique de Pont-Aven qui souffre de cette étroitesse. C’est l’une des raisons majeures de mon hostilité contre
la création d’un grand musée en ce lieu.
En 1984, lors des discussions préalables à l’aménagement du musée actuel, le ministre de la Culture :
Jack Lang, avait été consulté sur l’opportunité de l’opération.
Extrait de sa réponse :
« Il importe de noter qu’il existe une disproportion historique et économique entre la
gloire internationale de Gauguin et les ressources propres de la commune qui doit faire face à un héritage culturel trop lourd … »
Posez-vous la question : Pour quelles raisons ce projet n’a pas été précédé d’une étude de
faisabilité ?
Réponse : Elle aurait été défavorable. L’impact très négatif de l’emplacement du musée actuel sur la
ville est criant.
Tout s’est désagrégé dans son centre historique
depuis 26 ans.
Cette ville est morte et n’est plus que l’ombre de son glorieux passé.
Pont-Aven manque de tout : d’habitants, d’emplois valorisants, de vitalité, d’avenir pour la population. Tout se dilue et se perd dans une mélasse touristique ravageuse.
Bravo la nouvelle communauté.
Elle devient complice de l’expulsion brutale (et sans relogement) des habitants : de leur mairie, de leurs antiques salles culturelles, de leur foyer des anciens … de leur centre ville et de ses fonctions sociales non
remplacées.
Gauguin rend fou et vaniteux.
Les élus de la nouvelle communauté sont tombés sous l’emprise d’êtres
supérieurs. Dans un ouvrage que j’ai publié il y a quelques années, je les ai définis comme membres de
la « secte du christ jaune ».Leur grand défaut est le mépris qu’ils portent envers les
autres. Pourrait-il en être autrement envers les élus et la population de la nouvelle communauté ?
J’en doute très fortement.
Pont-Aven a des problèmes insurmontables. En particulier celui de la rénovation de son
« majestueux » hôtel de ville, qui, faute d’entretien depuis des lustres, se trouve dans un état de délabrement extrême. Hélas, les finances locales ne permettaient plus d’engager sa
restauration. L’idée d’y installer le musée financé par d’autres règle le problème.
(pas celui de la mairie)
Cela dit : une opportunité se présente en matière culturelle avec la création de cette communauté
englobant 9 communes et 50 000 habitants.
Chacune a son passé, son patrimoine, ses valeurs culturelles propres, ses êtres illustres, ses
passions.
La nouvelle structure représente une force nouvelle pour mettre en valeur et revitaliser si besoin est,
toutes ces richesses : dans le respect de chaque identité, cela va sans dire.
Je ne parle pas de tourisme mais d’une population qui a aussi le droit de vivre, partager et transmettre
l’héritage et les connaissances culturelles qu’elle a reçus des générations antérieures.
Certains d’entre-vous me connaissent peut-être pour toutes les actions que je mène : avec mes
passions communicatives, pour sauvegarder la mémoire des anciens et l’esprit légendaire de la cité. Cette mémoire est aujourd’hui confisquée et détournée par un système : dit
culturel, exclusivement orienté vers un tourisme qui hélas est de plus en plus désœuvré.
(Je me démène sans compter pour essayer de sauvegarder les ruines de Rustéphan)
En 1890, l’académicien François Coppée écrivait :
« Pont-Aven est une halte exquise, un pays presque trop joli … amateurs de voyages
paisibles, hâtez-vous d’y aller ; car, avant peu,
Les peintres et les touristes auront rendu l’endroit inhabitable »
Ne vous en déplaise, messieurs dames les élus, cette recommandation est toujours d’une brûlante actualité.
--- Gérard BERTHELOM ---------------------------------------------
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